Le premier plan suisse pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat
Le premier plan suisse pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat
En décembre 2015, l’Accord de Paris et par conséquent la trajectoire à suivre en matière de politique climatique ont été acceptés par la Suisse. Au mois de mai 2016, le Conseil fédéral n’a toujours aucun plan cohérent pour leur mise en œuvre.
L’Alliance climatique suisse, une coalition de 66 organisations non gouvernementales, présente aujourd’hui pour la première fois un plan d’action global. Elle identifie différents instruments politiques qui permettent à la Suisse de remplir ses engagements pour la protection de l’humanité devant la catastrophe climatique qui se prépare.
Les points-clé du Masterplan climat sont les suivants :
- Objectif „zéro émissions“ : contenir le réchauffement climatique nous oblige à réduire les émissions mondiales à zéro émissions nettes. Au système énergétique actuel, basé sur les carburants fossiles, doit se substituer un système fondé sur les énergies renouvelables. « Afin de mettre toutes les chances de limiter le réchauffement à 1,5°C de notre côté, le zéro émissions doit déjà être atteint vers 2050 », déclare Georg Klingler de Greenpeace. Si l’on répartit de manière juste les efforts par habitant de la planète, la Suisse doit atteindre ce niveau vers 2040.
- Doubler l’ambition plutôt que ralentir : la Confédération doit faire passer le taux de réduction de 2% par an (objectif actuel de la loi, soit 20% pour la période 2010-2020) à 4% par an. La diminution de 30% d’ici 2030 proposée par le Conseil fédéral, soit 1% par an, est très largement insuffisante et est même moins ambitieuse que l’objectif de la décennie précédente.
- La mise en œuvre du principe de la responsabilité globale : les pays riches consomment excessivement la « ressource atmosphère ». « La Suisse doit donc participer au financement des mesures d’adaptation dans les pays les plus pauvres, qui sont liées aux conséquences du réchauffement climatique qu’elle a elle-même partiellement causé », insiste Jürg Staudenmann de Alliance Sud. La Suisse doit apporter 1 milliard de francs par année au « financement climatique international », en supplément à la coopération au développement.
- Les réductions d’émissions à l’étranger ne remplacent par les réductions d’émissions en Suisse : réduire les émissions à l’étranger est utile pour réduire à zéro l’impact énorme de nos émissions à l’extérieur de la Suisse. Les émissions doivent cependant être réduites à zéro au niveau mondial et de manière simultanée dans tous les pays, au plus tard en 2050. A long terme l’achat de certificats d’émissions ne peut pas remplacer les réductions d’émission au niveau domestique.
- Cela nous concerne tous, cela concerne tout : Des règles précises doivent être mises en œuvre pour tous les secteurs qui contribuent à l’augmentation des gaz à effet de serre. C’est particulièrement le cas des transports. « Une régulation intelligente aidera beaucoup à éviter des investissements lourds de conséquences climatiques et à réorienter les investissements vers le tournant énergétique », explique Patrick Hofstetter du WWF Suisse. Le Masterplan apporte une attention particulière aux importations, aux investissements directs à l’étranger ainsi qu’à divers dispositifs institutionnels et autres de la place financière helvétique.